Les histoires de Jean-Denis
Le vieux pêcheur
La sente qui serpentait dans les gorges était raide
Et rendait l’accès à la rivière difficile.
Son corps souffrait mille maux et n’était plus docile,
Ses muscles, ses os ne lui étaient d’aucune aide.
Pourtant le désir était toujours là, présent
Et maintenait chez lui cette force, cette envie
De retourner sentir la rivière et sa vie,
Habitude qu’il avait acquise depuis longtemps.
Petit déjà son père l’emmenait taquiner
Goujons, brèmes, ablettes, gardons au bord des canaux.
Plus tard il apprit à traquer dans les ruisseaux
Dame Fario, la reine de ces lieux protégés.
Il avait parcouru bien des rivières, des rus ;
S’était laissé envahir par cette passion,
Avait connu bien des pêcheurs, pas tous très bons
Mais oh combien chaleureux, sympathiques, mordus.
Certains étaient déjà partis pêcher ailleurs ;
Et il lui semblait que parfois ils l’observaient
Lorsque seul, au bord des rivières, il trempait
Le fil et se croyait le plus grand des pêcheurs.
Un jour, pour lui aussi l’esche serait présentée
Et Saint Pierre sera prêt à ferrer le gourmand.
Le No-Kill existe-t-il pour les imprudents
Ou ira-t-il lui aussi dans le grand panier ?
La question le fit sourire. Il regarda l’onde,
Haussa les épaules, suivit des yeux sa bannière.
Il ferra, attrapa la truite de belle manière
Et la remit délicatement dans son monde.
Son jour n’était pas venu,
L’heure était au plaisir de la pêche.
Texte: Jean-Denis Pouget
Photo: Perso